Réunis pour voter pour la troisième salve de décisions modificatives de l'année, lundi 15 décembre, nous avons défendu nos position sur les dossiers d'actualité.
En guise de propos liminaires, Ludovic Devergne a demandé à l’assemblée quelles étaient les éventuelles mesures prises concernant ma dermatose nodulaire, maladie épidémique touchant les troupeaux de bovins et conduisant à leur abattage systématique. Le président Pichon a répondu que pour l’heure « la Vienne n’est pas touchée, et c’est heureux« . Estimant que la ministre travaillait actuellement à l’amélioration des modalités de gestion de cette épidémie, il a affirmé que le Département accordait son « soutien complet à l’agriculture, qui est déjà en grande difficulté avec les conditions économiques et climatiques compliquées« . Une intervention de Ludovic Devergne qui a amené le Département à exprimer son soutien aux agriculteurs.

Grégory Vouhé a alors rebondi en évoquant le vote du conseil départemental de la Charente, unanime contre la demande d’autorisation de prélèvements en eau émise par Cogest’eau [lire notre compte-rendu précédent]. « Voilà des élus qui font primer d’une seule voix l’intérêt
général, en faveur d’une agriculture plus vertueuse et pour protéger notre territoire et ses
habitants » a-t-il estimé, « tandis que vous tous, avec votre vote favorable lors de la dernière commission
permanente, vous soutenez toujours les quelques gros qui sont en train de sacrifier les
petits pour devenir encore plus gros« .

Commission Santé
Le vote d’un partenariat conclu entre le Département et l’Agence régionale de santé – les « contrats locaux de santé – a fait l’objet d’une abstention du groupe, mais surtout de nouveaux échanges au sujet de la politique d’incitation financière à l’installation des professionnels de santé. Anne-Florence Bourat, présidente de la commission ad hoc, déplorant « la mauvaise lecture qui a été faite du rapport de la cour des Comptes » [lire notre compte-rendu précédent] au motif que celui-ci « ne portait pas sur le local« , Grégory Vouhé a demandé si les professionnel de santé avaient été sondés sur ce qui les avait incités à s’installer dans la Vienne.

« L’évaluation des politiques publiques n’est pas suffisante. »
Ludovic Devergne
La majorité départementale s’étant engagée à mener une telle consultation « au premier trimestre 2026« , Ludovic Devergne a pu conclure : « L’évaluation des politiques publiques n’est pas suffisante. Quand on prend des mesures qui coûtent, il est normal d’en mesurer l’impact. Si notre intervention vous amène à évaluer les effets de cette politique, alors nous sommes dans notre rôle, et vous êtes dans le vôtre.«
Commission Finances
Florence Harris s’est ensuite saisie de la question de la part payée par le Département pour le financement de la couverture santé complémentaire de ses agents. Une contribution rendue obligatoire par la loi, à hauteur de 15 € minimum par mois et par agent, à partir du 1er janvier 2026. Le Département de la Vienne propose une prise en charge de 20 € par mois pour les agents aux plus faibles revenus, et 15 € pour les autres. Le strict minimum, donc. Il revient à l’agent de choisir sa complémentaire santé et de faire les démarches auprès du Département pour obtenir sa prise en charge partielle. Une participation réduite au strict minimum, ni automatique, ni obligatoire, qu’a dénoncée la conseillère du canton de Poitiers 3 : « Cette somme dérisoire ne peut pas garantir que tous les agents aient dorénavant accès à une complémentaire santé. » Prônant le « 100 % sécurité sociale« , et jugeant la mesure proposée très insuffisante pour garantir l’accès de tous les agents à une complémentaire santé, Florence Harris s’est abstenue.
« Ce n’est pas assez pour un panier complet de soin, s’est émue l’élue de gauche, et la faiblesse de cette prise en charge se fera au détriment des personnes qui ont le moins de moyens.«

« 15 €, ce n’est pas assez pour un panier de soins complet. »
Florence Harris
C’est ensuite le très attendu bilan 2024 de L’Historial (château de Monts-sur-Guesnes) qui a fait l’objet de toutes les attentions. S’appuyant sur les documents préparés par les services départementaux eux-mêmes, Grégory Vouhé a constaté que « les chiffres sont cruels« .
« Une vache à lait perpétuel »
Grégory Vouhé
Et en effet, rien ne va : la fréquentation, le chiffre d’affaires, et même le panier moyen dépensé par les visiteurs, ont tous reculés en 2024 par rapport à la première année d’exploitation, 2023. Grégory Vouhé a mis en regard les plus de 2 millions d’euros déjà prélevés sur le budget du Département depuis 2020 pour soutenir ce projet touristique, et la suppression de subventions déjà ridiculement basses à des associations essentielles (le Planning familial, par exemple). « La société d’exploitation semble confondre « soutien institutionnel clair et pluriannuel » avec une vache à lait perpétuelle« , a-t-il tancé.


Le président de l’assemblée, Alain Pichon, a choisi de défendre le projet en comparant son mauvais démarrage avec le scepticisme général au lancement du Futuroscope, « qui maintenant fonctionne du feu de dieu« . Une ligne suivie par l’initiateur du projet, Bruno Belin, qui a accusé La Vienne en transition de vouloir faire « l’autopsie du Mémorial et la [sienne] par la même occasion« .

Ludovic Devergne a recadré les échanges en rappelant que « nous ne souhaitons bien évidemment la mort de personne, ni l’échec de ce projet » et mettant en doute la pertinence de la comparaison entre le château de Monts-sur-Guesnes et le Futuroscope, « un projet d’une toute autre ampleur« . Et de questionner : « Est-ce le rôle du Département de porter ce projet à bout de bras ? Est-ce qu’on ne peut pas envisager que des structures plus locales reprennent la gestion de cet équipement, dans le contexte financier que nous connaissons ?«
